INFO E1 - Les hospitalisations dues à l'alcool et à
l'ivresse ont bondi de 30% en trois ans.
Le chiffre. Comas éthyliques,
hépatites, cirrhoses ou encore troubles psychiques dus à l'addiction. L'alcool
conduit de plus en plus de Français à l'hôpital : 400.000 en un an, soit un
bond de 30 % en trois ans. Ce chiffre, alarmant, est celui d'un rapport de la
Société française d'alcoologie qu'Europe 1 dévoile vendredi en exclusivité. Au
total, les hospitalisations liées à l'alcool sont deux fois plus nombreuses que
celles causées par le diabète ou les maladies cardiovasculaires.
Plus de jeunes et de
femmes. Pire, les séjours courts de moins de deux jours, qui
concernent généralement des personnes qui ne sont pas encore alcooliques mais
qui sont en train de basculer, ont même progressé de 80 % en trois ans. Et ce
sont de plus en plus souvent des jeunes et de femmes. "On voit de plus en
plus de jeunes qui se présentent aux urgences très fortement alcoolisés, qui
vont rester 24 heures, parfois deux jours, pour dégriser. On les trouve aussi
dans les services de réanimation", constate le Dr Damien Labarrière, médecin
gastro-entérologue au CHR d'Orléans au micro d'Europe 1. "On voit
également des jeunes avec des conséquences déjà très graves sur la santé, au
niveau du pancréas ou foie. Des cirrhoses qu'on ne voyait pas à l'âge de 25
ans, mais beaucoup plus tard."
Or, "les consommations précoces
induisent beaucoup plus de dépendance", souligne le Professeur Michel
Reynaud, addictologue à l'hôpital de Villejuif et co-auteur de cette enquête.
Il regrette que "le fait d'être ivre mort dans une soirée est banal" :"les
cuites deviennent un titre de gloire pour un grand nombre, y compris, et c'est
particulièrement inquiétant, chez les jeunes femmes."
Des professionnels de la santé ont lancé un cri d'alarme sur la
consommation excessive d'alcool. Pour les médecins spécialisés en addictologie, l'alcool est devenu comme une drogue douce. Le "binge-drinking", fait de boire jusqu'à l'ivresse, est presque devenue une habitude chez les jeunes. "Les derniers chiffres des enquêtes disponibles montrent que 25% des jeunes de 17 ans ont des ivresses répétées soit au moins trois au cours de l'année, alors qu'ils n'étaient que 19% en 2003", explique le Dr Philippe Batel, chef du service d'addictologie à l'hôpital Beaujon de Clichy, dans les colonnes du quotidien. "Dans ma consultation d'addictologie à l'alcool, nous prenons en charge maintenant 5% de patients alcoolodépendants âgés de moins de 25 ans" poursuit-il.
Surtout le week-end
"À l'âge de 17 ans, la plupart des
consommations d'alcool ont lieu le week-end, avec des amis. Les consommations
solitaires ou en semaine s'avèrent plutôt rares", selon une étude de
l'Institut national de la prévention et d'éducation à la santé (INPES).
L'établissement public souligne également de nombreuses disparités régionales. Selon l'établissement public, la consommation régulière d’alcool est plus répandue dans les régions du littoral atlantique et du centre que dans les autres régions. "Ainsi, alors que la moyenne nationale s’établit à 13 %, les Pays de Loire affichent le taux le plus élevé avec 20 %, suivis par les Charentes (17 %), le Limousin et l’Auvergne (16 %) et enfin la Bretagne, l’Aquitaine et Rhône-Alpes (15 %)" précise un communiqué.
Raison de cette dérive ? Les associations de lutte contre l'alcoolisme pointent du doigt Internet où les alcooliers sont autorisés à faire de la publicité. Une opération de séduction ciblerait même les jeunes, s'indignent les association dans le Parisien. Une analyse partagée par les professionnels de la santé.
Un constat qui confirme celui dressé il y a quelques jours par l'Institut
Gustave-Roussy (Villejuif). La consommation d'alcool aurait provoqué la mort de
49 000 personnes en France en 2009. Soit 9 % de l'ensemble des décès. De
plus, les auteurs de l'étude précisaient que la fraction des décès attribuables
à l'alcool était plus importante chez les personnes jeunes et d'âge moyen (22%
des décès chez les 15-34 ans et 18% chez les 35-64 ans) que chez les plus âgés
(7% chez les 65 ans et plus). Conclusion: 1 décès sur 5 chez les jeunes est lié
à l'alcool.
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