Le poids du passé...
Bilan de l’année écoulée, mais aussi bilan des années passées…
Lorsqu’on a erré durant un temps plus ou moins long dans les méandres de l’alcool, lorsqu’on s’y est égaré, il est parfois bien difficile de se pardonner… Le pardon aux autres, ça peut se négocier, mais le pardon à soi-même!… Accepter ses erreurs et ses errances, les reconnaître comme telles et cesser de les enrubanner de mensonges, affronter son passé avec la même sérénité que celle qu’on affiche au présent… Ne pas, ne plus se dérober! Ouvrir les yeux, enfin, et les garder ouverts!
Certaines personnes mourront sans jamais avoir osé se pencher sur leur passé. Elles auront vécu une partie de leur vie en occultant l’autre… Comme si la honte de ces années noires avait définitivement entaché l’image qu’elles avaient d’elles mêmes.
«On se débarrasse de son passé en l’aimant»...Vaste programme! « Comment pourrais-je me pardonner ce que j’ai fait subir à ma famille et surtout à mes enfants? » murmurait une femme lors de nos réunions du lundi… Comment peut-on d’ailleurs regarder en face ceux qu’on a tant fait souffrir? Comment redevenir crédible à leurs yeux? Comment regagner cette dignité perdue, cette confiance saccagée? Comment arriver à aimer ce passé dont on a honte et qu’on voudrait tant pouvoir gommer? Rien ne presse, on a le temps… Le temps de mourir et le temps de renaître! C’est pourtant là tout le secret d’une vraie réhabilitation. Quiconque se reconstruit doit d’abord s’attaquer aux ruines. Ne jamais se voiler la face, telle l’autruche qui, pour ne pas voir le danger, enfouit sa tête dans le sable…
J’ai souvent, lors de mes conférences, comparé le passé au rétroviseur d’une voiture. On conduit en regardant la route, certes, mais le rétroviseur nous renseigne sur le danger qui peut venir derrière nous… Les mêmes erreurs ne doivent surtout pas se reproduire… Tomber à nouveau? Oui, mais plus jamais dans la même ornière!
Le passé fait partie de notre tissu humain au même titre que le présent et l’avenir... Quant au pardon, il reste « l’ultime revanche »… Comme le dit si bien G. Bessière, « ceux qui pardonnent sont les guérisseurs de l’humanité »… ou encore: « les êtres blessés qui pardonnent transforment leur propre blessure »… Tant il est vrai que le pardon nous allège, et que la rancune nous gangrène.
Il est grand temps, à l’automne de nos vies, d’apprendre à aimer ce passé maudit qui nous plombe les ailes. Non pour le glorifier, non pour l’enjoliver, mais pour enfin l'assumer, juste avant d’entamer le lent travail du pardon...
L.C.