Notre époque fabrique du mal-être
Peur du chômage, de l’échec, de l’exclusion, des attentats, du sida et même, peur d’avoir peur… Nos angoisses ont aujourd’hui plusieurs visages, paradoxe d’une société qui ne s’est jamais autant souciée du bien-être. Le sociologue Vincent de Gaulejac - Professeur de sociologie et directeur d’un laboratoire d’étude des changements sociaux à l’université Paris-VII-.nous livre ses réflexions. Isabelle Taubes
Objectivement, notre époque est bien moins terrible que d’autres, relativement récentes, notamment les années 30-40, où nous étions pris en tenaille entre le nazisme et le stalinisme. Aucune autre ne s’est autant souciée du bien-être et du bonheur des individus. Face au risque du chômage, de la maladie, nous disposons de couvertures sociales. Certes, le sida assombrit l’horizon de la sexualité, mais il n’est en rien comparable à la peste ! Pourtant, globalement, nous sommes, en France, beaucoup plus anxieux que d’autres peuples qui n’ont pas aussi facilement que nous accès aux soins médicaux et aux institutions d’aide…