hospitalisation dûe à l'alcool

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dimanche 19 février 2012

"Le Mal Etre"


Notre époque fabrique du mal-être
Peur du chômage, de l’échec, de l’exclusion, des attentats, du sida et même, peur d’avoir peur… Nos angoisses ont aujourd’hui plusieurs visages, paradoxe d’une société qui ne s’est jamais autant souciée du bien-être. Le sociologue Vincent de Gaulejac   - Professeur de sociologie et directeur d’un laboratoire d’étude des changements sociaux à l’université Paris-VII-.nous livre ses réflexions. Isabelle Taubes
Plus anxieux qu'ailleurs
Objectivement, notre époque est bien moins terrible que d’autres, relativement récentes, notamment les années 30-40, où nous étions pris en tenaille entre le nazisme et le stalinisme. Aucune autre ne s’est autant souciée du bien-être et du bonheur des individus. Face au risque du chômage, de la maladie, nous disposons de couvertures sociales. Certes, le sida assombrit l’horizon de la sexualité, mais il n’est en rien comparable à la peste ! Pourtant, globalement, nous sommes, en France, beaucoup plus anxieux que d’autres peuples qui n’ont pas aussi facilement que nous accès aux soins médicaux et aux institutions d’aide…
Faut-il en conclure que nos angoisses sont illégitimes ? A mon sens, une angoisse est toujours légitime. Les nôtres sont issues d’un certain nombre de phénomènes contemporains qui, juxtaposés, produisent un climat d’insécurité personnel et collectif . En premier lieu, le développement de l’individualisme. Facteur d’isolement, il pousse de surcroît à considérer le moi comme un bien à faire fructifier, un capital dont l’individu est seul responsable. D’où l’obligation permanente d’être “soi-même”, de se réaliser, sur tous les plans – professionnel, personnel, affectif. Notre moi est devenu un fardeau pour chacun de nous.
Face à cette situation, certains se replient sur eux-mêmes – le chômeur, le jeune en recherche d’emploi par exemple, qui se pensent entièrement responsables de leur exclusion, n’ayant pas su faire le nécessaire pour s’intégrer. D’autres fuient dans l’hyperactivité et l’agitation permanente. L’angoisse n’est pas une émotion nouvelle. Pris entre ses désirs, illimités, et les frustrations imposées par la cohabitation avec ses semblables, l’individu y est non seulement exposé, mais condamné. Elle fait partie de la condition humaine. Mais pour qu’elle reste vivable, encore doit-on pouvoir la déverser, l’exprimer d’une manière socialement acceptable. Par exemple, en s’investissant, dans de grands idéaux collectifs facteurs d’espoir, promettant un avenir meilleur. Or, notre époque ne nous en propose plus, si ce n’est un idéal de réussite basé sur l’enrichissement et la carrière professionnelle qui soumettent la réalisation de soi à des critères purement économiques.
De plus, tous les rites traditionnels, les défoulements collectifs (le carnaval, etc.) qui permettaient aux émotions négatives, violentes de s’exprimer, sont en train de disparaître. Aussi, chacun reste seul avec ses angoisses ! Des angoisses diffuses, mais qui trouvent à se focaliser sur les motifs de peur que la société nous indique. Ainsi, les attentats, surtout depuis le 11 septembre, figurent parmi les premières causes de peurs. Pourtant, il y a nettement plus de risques que nous mourrions en voiture. Et le fait est que, depuis quelques années, le plan Vigipirate n’est plus un état d’exception : nous sommes en alerte rouge permanente, ce qui apporte la pénible sensation que la menace est partout…
L’état d’angoisse de notre société s’explique aussi par le décalage entre nos attentes fantasmatiques et la réalité. Les progrès scientifiques, techniques, les avancées du droit nous avaient fait croire que nous allions vers une société de plus en plus harmonieuse, sans conflits, qu’il nous serait possible de maîtriser nos destinées. Des mots d’ordre tels que : “Il faut être positif, ouvert, accueillant”, ont rendu le malheur, la souffrance inacceptables. En fait, nous avons vécu dans l’illusion d’un monde aseptisé, anesthésié. Et voilà le sida qui vient briser la belle image de la sexualité, lieu de liberté, d’épanouissement de soi, forgée dans les années 60-70. Aujourd’hui, le sexe doit être protégé, car il est susceptible de tuer. Autres scandales : on peut attraper des maladies graves dans les hôpitaux destinés à nous guérir ; l’école, traditionnellement lieu d’intégration, est devenue un espace de violence, de racket, d’insécurité. Les institutions ne jouent pas leur rôle protecteur, du moins subjectivement.
Quelle folie d’imaginer que la souffrance, la maladie, la violence, puissent être évacuées. L’épreuve, la destruction, la mort, font pleinement partie de la vie. Elles habitent le plus intime de notre être, avec cette pulsion que les psychanalystes freudiens appellent la pulsion de mort. Or, plus on cherche à nier la négativité, plus elle revient en force. Et d’une manière insupportable. Finalement, la société ne nous propose plus des voies pour être bien ensemble, elle fabrique un “mal être ensemble” qui sert de caisse de résonance à nos angoisses individuelles. »

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L'alcool, cet ennemi destructeur

La drogue qui fait peur, c'est toujours celle de l'étranger. On s'inquiète du cannabis ou de l'héroïne, on oublie les ravages que peut faire l'alcool. Pour les jeunes de tous milieux, c'est de la défonce à pas cher. L’alcoolisme n’est pas une maladie solitaire. Notre société tolère mal l’alcoolémie de la femme. Il en résulte un sentiment de culpabilité très fort qui amène l’isolement ou l’exclusion de la femme dans son milieu familial social et professionnel. Quand une personne sombre, c’est tout l’entourage qui plonge avec elle.

Bonjour, nous sommes le

«La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui.»

(Franklin ROOSEVELT)