hospitalisation dûe à l'alcool

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mercredi 9 février 2011

La maladie alcoolique chez la femme au foyer


Durant de longues années, j'ai vécu en ermite oubliant presque tout ce qui m'entourait, ne vivant que pour moi, et encore, mais vivant sûrement pour et avec l'alcool.

Ma vie de malade alcoolique ne fut pas pire que celle de beaucoup d'entre nous. Si  ce n'est le fait que notre foyer n'avait plus de responsable,que tout était à la dérive,mon mari étant comme moi touché par cette maladie.
 Injustice et inégalité en ce qui concerne les critiques formulées par notre société dans sa grande majorité. Si celle-ci tolère, tant qu'il ne la gêne pas trop, le malade masculin, il en est tout autrement pour la femme.
 La réprobation sociale s'exerce lourdement sur la femme alcoolique, elle déchoit plus que l'homme quand elle boit. Cette profonde désapprobation éveille en elle de forts sentiments de honte, elle va essayer de dissimuler le fait qu'elle boive.
 La femme alcoolique est une malade qui vit en souffrance, mais sa maladie n'inspire pas la pitié mais plutôt le mépris de ceux qui l'entourent. Elle perd la confiance de ces proches, elle boit souvent seule, trouve des ruses pour boire en cachette.
Aux moments d'euphorie viendront s'ajouter des moments de cafard qui peuvent déclencher d'autres troubles.
Cela commence un jour où tout est noir autour de soi. Peut-être comme moi dans un hôpital : je vois la porte de ma chambre s'ouvrir et une dame que je ne connais pas me rend visite, un petit bouquet de mimosa dans les mains. Elle s'assied près de moi et me parle un bon moment me disant qu'elle connaît des personnes qui, comme moi, sont devenues des malades alcooliques et qu'ils s'en sont sortis grâce à un mouvement  de buveurs guéris : La Croix d'Or. Elle me dit aussi d'envoyer mon mari avec moi car c'est un mouvement familial.
 Je peux dire que je buvais ces paroles d'espoir. Elle me disait que je pouvais m'en sortir qu'elle m'aiderait si je le voulais. Bref, ce fut pour moi la porte du salut. J'attendis avec impatience ma sortie de l'hôpital et un samedi soir mon mari m'accompagna jusqu'à la Croix d'Or mais, hélas, au lieu de rentrer avec moi, il me dit qu'il allait m'attendre au café d'en face. Il sait aujourd'hui le temps qu'il a perdu malgré  moi et tous ces nouveaux amis qui durant de longues années m'ont soutenue devant les écarts de mon mari. Ils ont pourtant essayé de le convaincre mais il ne voulait rien entendre.
Je n'aurais jamais tenu sans vous tous, sans votre aide constante, vos visites si précieuses et ces réunions amicales qui m'ont permis de tenir jusqu’au bout, jusqu'au jour où mon mari, après être tombé plus bas chaque jour, a enfin compris que le seul moyen d'en sortir était de faire comme moi. Cette bataille avait duré deux années, mais enfin le foyer était sauvé et cela fait 36 ans d'abstinence pour moi et 34 ans pour mon mari.
La femme retrouve sa place dans la structure familiale. Elle retrouve la confiance de son entourage qu'elle avait perdue et avec l'aide du conjoint, des enfants, de l'entourage  elle s'investit au sein de la maison. La modification du comportement familial par un rôle de parents à part entière auprès des enfants qui deviennent plus respectueux alors que pendant la maladie ils y trouvent un certain profit.
La famille, à nouveau soudée, reprendra goût aux loisirs.
Moi aussi j'étais victime de l'alcool. Ma mère me disait souvent "ma petite fille, ne boit pas comme ça" mais je ne l'écoutais pas. Par contre ma belle-mère qui avait confiance en moi fut là, énergique, et me décida, au nom de mes enfants qui étaient tout pour moi, de me faire soigner et j'acceptais un long traitement en clinique.
La femme alcoolique doit accepter sa maladie par une prise de conscience. Elle doit avoir le courage de se confier, d'appeler à l'aide et faire confiance à celles qui sont passées par là. Elle doit avoir le sentiment d'être soulagée. Parce que les autres étaient comme elle. Elle apprendra que l'alcoolisme est une maladie dont il est très difficile de sortir seule. Elle doit décider et réagir pour rompre le lien avec l’alcool.
La femme qui boit rend automatiquement son entourage malheureux. Quels sont les parents qui n'ont pas soufferts de la conduite de leur fille, pleurés en silence de voir son état se dégrader petit à petit et avoir honte de se qui aurait pu être leur fierté. Et les maris ? Peut-être ont-ils leur part de culpabilité ? Ont-ils été des modèles d'époux, de père, ne rentraient-ils pas eux aussi souvent éméchés et au lieu de passer leur soirée en famille préférer les copains.
Aujourd'hui, je peux dire que j'ai vécue deux vies : une avec l'alcool qui fut une vie d'enfer, et une sans alcool qui est une résurrection, le bonheur retrouvé, la santé, l'amitié. Je n'ai plus envie de revenir à cette première vie et c'est pourquoi je reste bien dans ma peau pour poursuivre avec vous tous la route que d'autres, plus anciennes, ont tracé pour nousIl faut aider les femmes à se confier en mettant son expérience au service des autres, savoir les écouter et répondre à leurs interventions, ne pas les juger mais dédramatiser la situation même si un certain temps est nécessaire pour le retour a une vie équilibrée. Nous devons expliquer le fonctionnement de notre association, axé sur le bénévolat, le paiement de celle-ci étant de voir les gens heureux.

La Croix d'Or est une équipe qui donne envie de recommencer une nouvelle vie sans alcool, par la délivrance de ce poison. Ne plus se sentir seule dans celle maladie, ne pas avoir honte de son abstinence. Le fait de voir quelqu’un qui vous écoute, qui vous téléphone, vous invite aux réunions et différentes manifestations est un encouragement pour la malade et lui permet de rompre sa solitude. A la Croix d'Or, les conseils de plus anciennes malades sont fort appréciés pour oublier le passé, vaincre les angoisses, parler des erreurs possibles qui peuvent être la cause d'une rechute. Elles apportent le réconfort, la compréhension, l'amitié. A la Croix d'Or nous sommes là pour apprendre, comprendre, être à l'écoute et donner aux autres femmes ce que l'on nous a donné, prendre un peu de son temps pour redonner goût à une vie meilleure à celles qui sont dans l'attente d'une main tendue
              Alors, ne vous moquez pas d'une femme qui boit, ne l'éclaboussez pas de sourires méprisants, aidez la simplement à retrouver sa clef pour qu'elle ouvre sa porte au vent de la liberté.
    Texte écrit  par Nicole Méar  -   Section Plouha (Responsable des Femmes malades)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
merci beaucoup pour votre témoignage. Je suis admirative devant votre courage et votre persévérance.
Je suis actuellement inquiète pour ma belle-mère. Mon mari et moi savons qu'elle boit en cachette (nous sentons son haleine), mais nous ne savons pas que faire ni comment aborder le sujet. Devons-nous lui parler directement? Que dire? Est-ce à nous d'en parler? Nous ne souhaitons pas la mettre dans une position désagréable ou gênante. Son mari n'en parle pas, alors que nous supposons qu'il sait. Tout ceci crée une ambiance de non-dits pesante.
Je vous remercie par avance pour vos conseils.
Cordialement,
Claire

FORUM des associations 2014

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L'alcool, cet ennemi destructeur

La drogue qui fait peur, c'est toujours celle de l'étranger. On s'inquiète du cannabis ou de l'héroïne, on oublie les ravages que peut faire l'alcool. Pour les jeunes de tous milieux, c'est de la défonce à pas cher. L’alcoolisme n’est pas une maladie solitaire. Notre société tolère mal l’alcoolémie de la femme. Il en résulte un sentiment de culpabilité très fort qui amène l’isolement ou l’exclusion de la femme dans son milieu familial social et professionnel. Quand une personne sombre, c’est tout l’entourage qui plonge avec elle.

Bonjour, nous sommes le

«La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui.»

(Franklin ROOSEVELT)