L’alcool semble faire partie de notre quotidien et de notre héritage culturel. Mais il ne s’agit pas d’un produit ordinaire. Son usage modéré par plaisir ne doit pas faire oublier ses conséquences en cas de conduites à risques. Directement ou indirectement 50 000 décès sont imputables à cette drogue dont 16 000 par cancer. De plus, 5 millions de personnes auraient des difficultés médicales, psychologiques et/ou sociales en rapport à l'alcool.
A peine absorbé, l'alcool passe directement dans le sang et touche ainsi les principaux organes vitaux : cœur, estomac et appareil digestif, foie et cerveau. Le foie prend en charge l'essentiel de l'élimination de l'alcool en en transformant plus de 90 %. Le reste est éliminé par les poumons, les reins et la peau. Mais le foie a une capacité limitée à éliminer l'alcool dans le sang, capacité variable selon les personnes, leur sexe, leur poids et leur âge.
Le cerveau et le système nerveux en première ligne
L'abus d'alcool réduit la matière grise Des chercheurs du National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism ont comparé grâce à un scanner à résonance magnétique le cerveau de 118 hommes et femmes alcooliques ou non. Ils ont ainsi constaté que le volume du cerveau des alcooliques était inférieur aux personnes sobres et que cette différence était nettement plus marquée chez les femmes. Chez le beau sexe, la différence du volume de la matière grise (qui concentre les fonctions mentales dites supérieures) est proportionnellement beaucoup plus marquée. Etudier les différences sexuelles d'une maladie est une tendance assez récente qui permet de ne plus considérer les seuls modèles masculins comme le modèle universel. Ces résultats témoignent d'une sensibilité plus importante à la neurotoxicité de l'alcool chez les femmes. David Bême |
Un poison lent pour les autres organes
Pour le foie, véritable station d'épuration de l'organisme, l'alcool est un toxique puissant de la cellule hépatique. Consommé régulièrement et en excès, l'alcool est alors un poison lent, responsable d'un nombre non négligeable de décès par cirrhose à partir de 35 ans, mais aussi de pancréatites alcooliques dans trois cas sur quatre, et de cancers des voies aéro-digestives supérieures (bouche, gorge, œsophage…) à partir de 45 ans en moyenne. Il touche tout particulièrement les populations jeunes et actives : 39 % des décès par cirrhose et 22,6 % des décès par cancers des voies aéro-digestives supérieures liés à l'alcool surviennent principalement chez les hommes de 35 à 54 ans. Enfin, le système cardiovasculaire n'est pas épargné.
Si, à très faible dose, l'alcool semble bien avoir un effet protecteur sur le système cardiovasculaire, ses effets négatifs prennent vite le pas lors d'abus et de chronicité, avec une toxicité croissante pour le muscle cardiaque, pouvant aller jusqu'à la myocardiopathie alcoolique et l'hypertension artérielle.
Vices et vertus
Au delà des 50 000 décès annuels par pathologies associées à l'alcool, l'alcoolisme entraîne de multiples drames sociaux. Au volant, il est responsable en moyenne de 4 500 morts et 130 000 blessés de la route et d'un bon nombre d'accidents du travail et des loisirs (sport, bricolage…), sans oublier que 60 % des cas de criminalité (homicides, coups et blessures, viols, maltraitance) sont liés à l'alcool. Environ, 3 000 suicides par an lui sont aussi imputables..
Ghislaine Trabacchi
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