hospitalisation dûe à l'alcool

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samedi 20 novembre 2010

Le Malade alcoolique et son entourage

Le malade alcoolique et son entourage...
 
Une petite remarque d’abord : j’emprunte cette expression de « malade alcoolique » au livre du Docteur Gueibe, médecin psychiatre, intitulé « L’alcoolisme au quotidien », publié en 2008 aux Editions Seli Arslan à Paris.
Le Docteur Gueibe est psychiatre de liaison dans un hôpital général en Belgique, psychologue de la santé et formateur à l’Institut Perspective Soignante à Paris.
Pourquoi cette expression, pourquoi ne pas parler plus simplement de « l’alcoolique » ?
Pour deux raisons essentielles : la première, parce que dans notre contexte socioculturel, l’alcoolisme est grevé d’une lourde charge d’immoralité, d’une image de déchéance, d’absence de volonté, de paresse, etc.… Dans l’esprit de nombreuses personnes prétendument « bien pensantes », c’est une insulte, associée à une foule d’images plus ou moins négatives.
La seconde, c’est parce que justement, l’alcoolique est un malade, et que comme n’importe quel malade, il est d’abord quelqu’un qui souffre, qui a droit à notre respect et à nos soins, d’autant plus qu’il n’a pas, plus qu’un autre malade, « voulu » sa maladie, même si, inconsciemment, il s’est exposé à un risque d’autant plus sournois qu’il concerne tout le monde et que l’alcoolisme peut frapper n’importe qui ! Tout comme le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. Nous viendrait-il à l’esprit d’insulter ou de mépriser l’un de ces malades ? Certainement pas ! Alors pourquoi nombre de personnes le font-elles à l’encontre du malade alcoolique ? En raison d’idées aussi fausses que reçues, d’un manque d’information, mais aussi d’un manque d’humanité et… d’intelligence !(les deux vont souvent ensemble, hélas.)
Le malade alcoolique souffre et fait souffrir.
D’abord il souffre de dépression, induite ou inductrice, pré-existante ou conséquente à son alcoolisme. Quelqu’un qui a enduré un choc psychologique et qui pour une raison connue de lui seul, liée à son statut professionnel ou social, ou encore à sa personnalité, veut « jouer les forts » ressentira d’autant plus les effets de la dépression. Mais il n’ira évidemment pas consulter… L’alcool est là, comme antidépresseur très efficace, facile d’accès et de plus culturellement admis. Des timides, des phobiques peuvent tout aussi bien y avoir recours parce que c’est un désinhibiteur efficace. Mais c’est aussi un dépresseur, et un destructeur terrible et sournois de notre santé physique et mentale. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet, déjà abordé dans un autre article. Je préfère aborder ici quelques un des effets de l’alcool sur la vie du malade et celle de son entourage, avant, pendant et après la « crise ». Une « crise » que je mets entre guillemets car ce n’est pas vraiment le bon terme et surtout parce qu’elle peut durer des années et détruire tout aussi sûrement le malade que sa famille!
Souvent, mais pas toujours tout de suite, et jusqu’à un stade parfois avancé de la maladie, seule la famille remarque qu’il y a un « problème ». Petit à petit, la personnalité du malade change : il n’est plus celui ou celle que l’on a connu. Son comportement change, il se montre souvent agressif, voire franchement violent. Il se révèle aussi très dépensier (l’alcool coûte cher et de plus mène très souvent à des comportements compulsifs en matière d’achats – parfois d’ailleurs pour « se faire pardonner ») et surtout imaginatif. Il n’a pas son pareil pour se procurer sa dose, ni pour cacher ses réserves, ni même, en raison de son « entraînement » pour paraître « normal » alors qu’il est sérieusement « imbibé ».
A ce stade du piège, malade et famille vivent un véritable enfer, d’un point de vue différent sans doute, mais qui a un point commun : celui de sembler sans issue !
Inutile pour les proches d’essayer d’empêcher le malade de boire. Inutile et même dangereux car il peut en mourir ! Inutile aussi pour le malade de se dire « demain j’arrête », ou d’envisager de diminuer sa consommation : il ne saurait y arriver seul, sans aide ni sans soutien médical et psychologique. Mais il y a toutefois déjà un point positif : le malade a pris conscience de son état et voudrait en sortir : Le jour où de lui-même il se reconnaîtra « malade alcoolique », il aura fait un pas décisif vers sa « libération ». Remarquez bien que je ne parle pas de guérison !
Nous sommes ici à la charnière qui articule « l’avant-pendant » à « l’après ».
Le malade a reconnu sa maladie. Il s’est lui-même reconnu dépendant de l’alcool, alcoolique.
Il va pouvoir se faire aider, et surtout sortir de ce qui lui paraissait être un tunnel sans fin.
D’abord par l’entremise de son médecin traitant qui saura l’écouter sans le juger, le conseiller et lui proposer un suivi et une médication appropriée. Cette dernière sera constituée en général, d’un médicament contre les effets du manque (à prendre souvent à long terme) et de benzodiazépines à court terme. Ce traitement pourra être prescrit en ambulatoire ou, pour un temps de quelques jours à quelques semaines, d’une hospitalisation. Cela dépend surtout du malade et de sa volonté de s’en sortir, volonté qui elle-même dépend de sa prise de conscience. Il est possible, pour un malade vraiment motivé, et à la condition expresse qu’il soit traité médicalement (je rappelle que dans le cas d’un sevrage brutal et forcé, il y a un réel risque mortel !), d’arrêter totalement, du jour au lendemain, et de se tenir à une abstinence définitive.
En effet, cette dernière condition est indispensable : on ne guérit pas de la maladie alcoolique ! On vit avec. Et on peut vivre très bien, tout à fait normalement, en récupérant toutes ses capacités physiques et intellectuelles ou mentales, mais le malade alcoolique l’est à vie et ne pourra PLUS JAMAIS boire une goutte d’alcool. C’est un produit auquel il est définitivement devenu allergique !
Seconde aide nécessaire : celle d’une psychothérapie de soutien, voire d’une psychanalyse, selon le cas et aussi le désir du malade.
Cette aide psychologique est nécessaire parce que le malade a besoin de se dire, de pouvoir parler de sa souffrance, tant passée que présente, cette dernière étant principalement liée à ce qu’il perçoit chez ses proches comme une froideur, un manque d’encouragement, de reconnaissance, de confiance, voire même comme un rejet.
Cette attitude des proches est fréquente et normale. Elle est aussi compréhensible.
Durant des années parfois, le malade alcoolique a eu un comportement inadapté. Il a « fait des conneries » dont les conséquences inévitables peuvent se faire encore ou seulement sentir alors qu’il a opté pour l’abstinence et s’efforce de s’y tenir. Lui, ressent ce manque de confiance, cette rancœur et ces reproches comme une grande souffrance, qui lui paraît d’autant imméritée que très souvent il n’a pas la souvenance de ce qu’il a pu faire ou dire lorsqu’il buvait…
Et puis il n’est plus la même personne, ni la même personnalité : il est devenu lui-même, quelqu’un que ses proches, peut-être ne connaissaient pas ou ont oublié. Et cela peut s’avérer pour eux aussi difficile à vivre.
C’est pourquoi je pense que, dans un tel cas, une psychothérapie de soutien devrait être familiale. Mais il n’y a pas de vraie recette en la matière. Au risque de sembler être un doux rêveur je dirais qu’il n’y a que l’amour qui puisse vaincre toutes ces embûches. Nul, quel qu’il soit, ne pourra jamais rien changer au passé. Seul importe le temps présent ! L’abstinence, pour le malade alcoolique, est comme une nouvelle naissance, le début d’une nouvelle vie. Ses proches, les associations d’anciens buveurs, plus que n’importe qui ont le pouvoir de l’aider et de progresser dans cette vie nouvelle porteuse d’avenir et d’espérance.
 
Jean-Marie Demarque
Psychothérapeute
 

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